Le gouvernorat d’Irbid, au nord de la Jordanie, abrite 20 % des réfugiés syriens dans le pays. Les conditions de vies sont difficiles, particulièrement pour les femmes qui se retrouvent seules à la tête de familles nombreuses sans source de revenus. Le marché de l’emploi local est saturé, ce qui entraîne des tensions avec les populations hôtes.
Heureusement certaines initiatives, combinant des secteurs d’activités inédits pour les femmes et un accès égal à l’emploi entre Syriens et Jordaniens, permettent de briser les barrières interculturelles et d’améliorer les revenus.
Créé en mars 2017 par Action contre la Faim, le projet de coopérative communautaire locale a pour but la gestion des déchets autour d’Irbid grâce à l’emploi de résidentes syriennes et jordaniennes. Soutenu par GIZ[1], le projet fait partie d’un programme plus large visant à améliorer les moyens d’existence des personnes vulnérables.
Agées de 20 à 50 ans, syriennes ou bien jordaniennes, ce sont près de 1000 travailleuses qui collaborent sur la collecte des déchets, leur tri et leur redirection vers les filières de recyclage, de revente ou de destruction d’une coopérative locale.
« Le principal défi auquel nous avons fait face sont les préjugés sur le secteur de la gestion des déchets » explique Sajeda Saqallah, responsable du programme de sécurité alimentaire et moyens d’existence pour Action contre la Faim à Irbid. « Il a fallu convaincre les communautés et les familles que des femmes pouvaient prendre en main un tel secteur. »
Les emplois bénéficient aux familles les plus vulnérables de la région.
« Je me suis enfuie en Jordanie avec mes cinq enfants quand mon mari a été assassiné, raconte Jamileh, une réfugiée syrienne, c’est mon devoir de subvenir au besoin de ma famille. Ce travail me permet de m’assurer que mes enfants sont en bonne santé et vont à l’école. »
Mélanger les nationalités dans les groupes de travail a permis à chacun d’en apprendre un peu plus sur leurs vies respectives et de mieux se comprendre. Tamam est jordanienne. Elle raconte qu’elle a changé de point de vue grâce au programme.
« Depuis que je connais des femmes syriennes et qu’elles m’ont raconté leurs expériences, je comprends les difficultés auxquelles elles sont confrontées ici. Nous devons les accueillir de la meilleure manière possible et les aider, elles et leurs enfants. »
[1] German International Cooperation