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Ethiopie El Nino © Agnès Varraine-Leca pour Action contre la Faim

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Ethiopie

El Niño, une menace pour la sécurité alimentaire et la nutrition

Les petites pluies du printemps, connues sous le nom de Belg, n’ont pas été suffisantes en Ethiopie cette année, entraînant une augmentation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition et menaçant les plantations, les récoltes et le bétail. L’arrivée du phénomène climatique El Niño a eu par la suite un impact sur les chutes de pluies de l’été, qui permettent la plupart des récoltes agricoles du pays et fournissent une quantité majeure d’eau potable. Cette combinaison d’aléas climatiques entraine une augmentation dangereuse de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition qui pourrait s’aggraver dans les mois à venir.

Bien que l’Ethiopie ait réalisé des progrès importants en termes de réduction de la pauvreté, 30% de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté (source : worldbank2014). 4 Ethiopiens sur 5 vivent en milieu rural et sont engagés dans des activités agricoles, qui dépendent largement des pluies, ce qui les rend extrêmement sensibles aux aléas climatiques. Durant les premiers mois de 2015, des zones rurales et pastorales ont connu des pluies tardives, insuffisantes et irrégulières déstabilisant fortement la sécurité alimentaire. Celle des plus vulnérables est désormais menacée par le phénomène El Niño que certains spécialistes prévoient comme l’un des plus violents de son histoire. El Niño pourrait sérieusement affecter le pays, avec 95% de chances de continuer pendant l’hiver, pour finalement s’affaiblir au printemps 2016.

Ethiopie El Nino © Agnès Varraine-Leca pour Action contre la Faim

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Agnès Varraine-Leca

En 2015, les pluies Belg, qui viennent après la saison sèche, ont été retardées et suivies de périodes de sécheresse inhabituellement longues. En temps normal, elles commencent à la fin du mois de janvier dans le sud de l’Ethiopie pour remonter au nord et s’arrêter fin avril/début mai. Elles représentent 30 à 50% des pluies annuelles dans le sud de la zone Belg, comme la région Oromya, et 5 à 30% dans le nord. Au-delà de leur importance pour la sécurité alimentaire, elles permettent également aux agriculteurs de préparer la terre pour la saison des récoltes. Cette année, en raison du manque de pluies, seules 25 à 50% des zones habituellement cultivables ont été exploitées dans le sud de la zone Belg ; dans le nord, le pourcentage varie de 50 à 58%.

En plus d’une réduction des terres cultivables, certaines récoltes ont été endommagées à cause des pluies irrégulières et des périodes de sécheresse. Suite à cette petite saison des pluies très insuffisante, le phénomène El Nino est venu perturber la principale saison des pluies de l’Ethiopie qui arrose habituellement une grande partie de l’Ethiopie de Juin à Septembre. Une fois encore, les pluies sont arrivées avec retard et ont été insuffisantes et erratiques. Alors que l’Ethiopie est en fin de saison des pluies, le manque d’eau est déjà sensible dans une partie du pays et les récoltes seront bien inférieures aux récoltes attendues, aggravant encore l’insécurité alimentaire.

A Wag Himra, dans la région Amhara au nord de l’Ethiopie, Action contre la Faim a constaté que beaucoup d’agriculteurs manquaient de semences. Les récoltes sont prévues bien en-dessous de la normale pour les céréales, et en retard de deux mois ce qui allonge d’autant plus la période de soudure[1]. A l’est du pays, dans la province de Hararge, des rapports font état de fermiers obligés de planter leurs semences à trois reprises, à cause des pluies insuffisantes. Par ailleurs, le retard et le manque de pluies a également un impact sur les ressources hydriques et pastorales vitales pour le bétail. Bien que l’état du bétail et le niveau de production se soient améliorés en juillet et en août, ils restent bien en dessous des niveaux de 2014.

Ethiopie El Nino © Samuel Hauenstein Swan pour Action contre la Faim

Ethiopie

Samuel Hauenstein Swan

Lors des derniers épisodes d’El Niño en Ethiopie, en 1997-1998 et 2002-2003, les récoltes se situaient entre 15 et 30% en dessous de la normale. En cause, les retards dans les plantations et les champs non cultivés faute de semences. Les deux derniers épisodes étudiés ont montré des augmentations dramatiques de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, ainsi qu’une diminution du PIB d’une année sur l’autre, due aux pertes agricoles.

Aujourd’hui, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, et la nutrition sont problématiques dans beaucoup de woredas, les districts en Ethiopie. Le gouvernement a lancé une réponse d’urgence aux niveaux fédéral et régional afin d’évaluer la situation et d’assister les plus vulnérables. Les informations émanant des programmes d’ACF montrent que les récoltes ne suffiront pas cette année. La sécurité alimentaire restera problématique dans le sud, le centre, l’est et le nord-est de l’Ethiopie jusqu’à la prochaine récolte Belg, en mai/juin 2016.

Pour faire face aux sécheresses, Action contre la Faim continue son programme de résilience pour les populations pastorales et agropastorales afin de prévenir les risques dans les régions d’Oromiya et d’Ahmara.


[1] Période précédant les premières récoltes et durant laquelle la nourriture peut venir à manquer.

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