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Cultiver dans les camps de réfugiés : une activité aux impacts multiples © Florian Seriex
pour Action contre la Faim

À la Une

Cultiver dans les camps de réfugiés

une activité aux impacts multiples

Muhammad passe d’un pied de tomates à un plant de concombres, il caresse un fruit, le sourire aux lèvres, « il est bien mûr », le cueille et le dépose dans le seau. Il répète le même geste inlassablement. Muhammad est loin de sa ferme en Syrie, mais dans le camp de Gawilan au Kurdistan irakien le HCR a construit quatre serres dans lesquelles plusieurs réfugiés travaillent quotidiennement. Dans les prochaines semaines, Action contre la Faim prendra en charge les lieux et construira de nouvelles serres dans le cadre d’un projet financé par un partenariat entre le PNUD et le HCR.

Muhammad a quitté sa ferme dans la banlieue de Damas il y a déjà cinq ans. « J’habitais près de Ghouta. Peu de temps après le début du conflit, il y a eu des bombardements, des combats. Pendant deux jours, les roquettes n’ont pas cessé de tomber. On marchait à droite, ça tombait à gauche, on allait à gauche, ça tombait à droite, on a eu de la chance ».

Dans un pays en guerre, il est illusoire de miser sur la chance alors Muhammad vend tous ses biens : « ma ferme, ma voiture, tous mes outils ». Il part avec son épouse et leurs cinq enfants, jusqu’à Qamishli, au nord-est du pays. « On s’est arrêtés là avant de partir vers la Turquie car mes parents devaient nous rejoindre ». Mais un sniper est installé à proximité du leur domicile. « Ils ne pouvaient pas sortir, on a attendu pendant plus d’un mois que la situation se calme puis on a pris la route de la Turquie ».

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Muhammad est parvenu à mettre pas mal d’argent de côté mais plus de deux années à payer les loyers de trois appartements pour sa famille en viennent rapidement à bout. « J’ai dépensé plus de 50000 euros en 2 ans. La Turquie ç’a été l’enfer, la seule chose qu’il y a de bien dans ce pays, ce sont les services de santé. Les gens t’exploitent. On essayait tous de gagner un peu d’argent mais quand on voit qu’un de mes neveux d’une quinzaine d’années travaillait pour 10 lires turques par jour (l’équivalent de 3 euros), il n’y a pas grand chose à faire ».

Un nouveau départ au Kurdistan irakien

Avec leurs dernières économies, Muhammad et les siens partent vers le KRI et arrivent au poste frontière Ibrahim Khalil. « Je n’oublierai jamais ce moment. Les peshmergas nous ont souri, ils nous ont accueilli. J’ai eu le sentiment que la guerre était finie ». La vie de réfugiés ne s’arrête pas pour autant et la famille est rapidement envoyée vers le camp de Gawilan. « Ca fait 18 mois que nous vivons ici, je me sens beaucoup mieux et j’ai de la chance. Tous les matins je viens à la serre, je travaille, je peux manger des produits frais et grâce aux bénéfices je fais vivre ma famille ». Muhammad a effectivement de la chance. D’abord présélectionné pour participer à ce projet agricole, il a ensuite été l’une des huit personnes tirées au sort.  L’homme montre avec fierté le fruit de son travail : « vous voyez ces plantes, on ne les trouve pas au Kurdistan, ce sont des graines qui viennent de Syrie. Si je continue à travailler dans cette région, j’espère pouvoir en faire venir d’autres et développer des variétés qu’on ne trouve pas ici ! ». 

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Développer des activités rémunératrices pour les réfugiés

450m2 de serres sont actuellement utilisables et Action contre la Faim compte pérenniser ce fonctionnement en développant également des liens avec les agriculteurs locaux afin que ces derniers viennent conseiller les réfugiés. « Chaque terre a ses particularités », explique Yousif Khoshnaw, notre Chef de projet en charge du suivi, « s’ils peuvent bénéficier du soutien de professionnels du secteur, ils ne pourront qu’améliorer leur rendement et la qualité des récoltes ».  L’impact dans le camp est multiple : outre l’amélioration de la sécurité alimentaire et des finances des foyers qui travaillent dans les serres, ce sont les prix des denrées en vente dans le camp qui s’en ressentent. « Au lieu d’acheter des produits qui viennent de l’extérieur, les commerçants s’approvisionnent localement. Ils ne paient pas les coûts de transport, ils peuvent discuter quotidiennement de leurs besoins. Tout le monde y gagne », conclut Yousif.

Muhammad contemple le fruit de son labeur : « beaucoup de mes proches sont morts, j’ai perdu deux beaux-frères, mon père a été tué par une bombe, une de mes sœurs a été blessée et j’ai été plusieurs fois pris entre deux feux. J’ai échappé à la mort plusieurs fois, j’ai vraiment beaucoup de chance ».

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