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À la Une
La pandémie du coronavirus qui a débuté dans la province de Wuhan en Chine s’est étendue à une grande partie du monde. Notre épidémiologiste répond à 6 questions sur les enjeux de notre réponse humanitaire face au virus.
Dieynaba N’Diaye est détentrice d’un Master en épidémiologie et d’un Doctorat en santé publique. Elle a travaillé pour plusieurs instituts de recherche en France et à l’étranger. Elle est aujourd’hui référente Recherche et Analyse chez Action contre la Faim.
Le COVID-19 est une maladie infectieuse particulièrement contagieuse qui se transmet par voie aérienne et par les surfaces. Elle se différencie de la grippe par :
Le virus a également une autre particularité : les dernières études effectuées en Chine montrent que près de 85 % des personnes touchées par le virus n’ont pas été détectées (probablement car elles ne présentaient pas de symptômes de la maladie ou des symptômes modérés). Elles pouvaient néanmoins continuer à transmettre le virus et être contagieuses, sans le savoir. Ces chiffres ne sont que des estimations mais tendent à montrer que nous ne voyons pas la partie immergée de l’iceberg.
Une épidémie décrit la propagation d’une maladie mais dans une zone limitée. Une pandémie est une épidémie qui s’est propagée au niveau global, mondial, et est caractérisée par le fait qu’elle touche plusieurs pays. Les pandémies sont beaucoup plus rares que les épidémies, et plus difficiles à combattre, car les efforts ne sont pas concentrés dans une zone touchée. Or, le coronavirus est bien une pandémie.
Les crises sanitaires dues à Ébola ou au choléra sont des épidémies, elles sont limitées à certaines régions du monde. Dans le cas d’Ébola, cela est dû notamment au fait que les personnes atteintes de la maladie sont touchées par des symptômes très durs, très handicapants, et ne sont plus en capacité de vivre leur vie normalement : leurs déplacements sont réduits, elles sont obligées d’être hospitalisées ou de rester alitées. De facto les cas sont plus facilement identifiés et isolés et cela stoppe la propagation de la maladie.
Le coronavirus est différent car il ne provoque peu ou pas de symptômes chez la plupart des personnes : ces personnes ne s’isolent pas, ne vont pas à l’hôpital, et continuent alors à vivre leur vie, et multiplient les contacts sociaux. Les personnes ne se méfient pas et propagent donc le virus beaucoup plus massivement.
Chaque maladie est différente, et la réponse à une épidémie de choléra peut être très différente de la réponse à une pandémie coronavirus. Cependant, nous avons par le passé déjà contribué à la gestion de nombreuses épidémies, notamment Ébola en Afrique de l’Ouest et le choléra en Haïti et au Yémen.
Nous disposons donc d’une grande expertise et expérience dans l’accès à l’eau et à l’assainissement, la promotion et la sensibilisation à l’hygiène dans les camps de réfugiés ou dans les centres de santé de nos pays d’intervention, qui peut permettre de lutter contre la propagation du virus.
Par ailleurs, nous avons des compétences transversales dans la sensibilisation communautaire sur le changement de comportement. Étant une ONG d’urgence, nous possédons également une forte expertise en gestion de crises, avec des capacités logistiques et de coordination, une présence et une crédibilité forte à l’international, plutôt qu’une expertise en épidémies en tant que telle.
Il y a effectivement un risque de forte propagation par exemple en Afrique, à cause des liens commerciaux qui existent entre l’Afrique et la Chine, et également des liens qui existent entre l’Europe et l’Afrique. Il y a donc un risque de « cas importés », mais le virus commence à se transmettre également au niveau local. D’après l’OMS, les pays les plus touchés en Afrique aujourd’hui sont : l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Sénégal et le Burkina Faso avec pour l’instant peu de morts. Attention, ces chiffres peuvent être biaisés par la capacité des pays à tester les malades et à déterminer les raisons des décès en post-mortem.
Nous ne savons pas encore comment le virus se propagera en Afrique car de nombreux facteurs peuvent affecter l’évolution : facteurs génétiques, climatiques, sociologiques, démographiques (la population en Afrique est globalement très jeune). Ce que l’on sait, c’est que certains pays ont des capacités de réponse limitées (systèmes de santé moins résilients, manque de matériel médical et accès à l’eau…), et que d’autres facteurs peuvent perturber la réponse à la crise (instabilité politique par exemple). Action contre la Faim, sur la base de la littérature scientifique et d’après différents indicateurs officiels, a déterminé trois pays en Afrique parmi ses missions comme plus à risque d’importation et dans leur capacité à répondre à la crise : Burkina Faso, Nigeria et Sénégal ; et en Asie, le Pakistan.
Certains enjeux des pays africains rejoignent ceux des pays occidentaux : capacité à tester les malades, système de santé publique, état des hôpitaux, sensibilisation des populations au virus et aux gestes barrières, protection des agents de santé, etc. Mais certains enjeux leur sont spécifiques comme par exemple :
Il est aujourd’hui trop tôt pour dire si les personnes sous-nutries sont plus touchées par le coronavirus, notamment car nous manquons de données sur la physiopathologie de cette nouvelle maladie. Cependant, nous pouvons dire que les personnes sous-nutries sont potentiellement plus à risque car leur système immunitaire est plus défaillant et qu’elles sont globalement plus sensibles aux maladies infectieuses.
Les personnes souffrant de la faim sont également celles vivant dans des conditions socio-économiques plus difficiles, ayant moins accès aux soins, et pouvant être plus durement touchées par les mesures type confinement.
Nous avons mis au point une cellule de crise au sein de l’organisation, et une coordination s’est mise en place tant aux niveaux directionnels que techniques. Une veille scientifique et épidémiologique est faite régulièrement et une veille sur le nombre de cas détectés dans nos pays d’intervention. Nous faisons également remonter les besoins des missions, et leur faisons des recommandations opérationnelles par secteur d’activité.
Les interventions proposées visent notamment à réduire l’incidence au sein des professionnels de santé et plus globalement de la population en général, à réduire la peur et la désinformation et à continuer à assurer les autres services essentiels en santé. Par exemple, nous sensibilisons les agents et personnels dans nos centres de santé à empêcher la propagation du virus au sein des centres grâce à : de la sensibilisation des personnes (flyers, posters), la présence de matériel nécessaire (masques, gel, mouchoirs), la mise en place de circuits spécifiques et de gestion des flux adaptés (entrées/sorties, salles d’attente différentes pour les personnes malades), une gestion adaptée de la collecte des déchets, etc.
Nous avons également fait une demande de fonds supplémentaires auprès d’un bailleur pour financer une réponse COVID-19, en Afrique.*
*Une collecte de fonds privés a également été lancée auprès du public, afin de soutenir nos activités.
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