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Centrafrique

Sans véritable engagement, il n’y a pas d’autre issue qu’une catastrophe

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République centrafricaine, Bangui, décembre 2013
Dans le camp de déplacés chrétiens Don Bosco près de PK 12.
© Stephen Dock / Agence VU

20 ans passés dans le secteur humanitaire et j’entends toujours la même rengaine dans la bouche des politiciens : « plus jamais ça ». Ils l’ont dit pour l’Ethiopie en 1984, le Rwanda en 94, la Bosnie, le Kosovo, le Darfour, le Congo, la liste est longue. Et tout prête à croire que ça va continuer.

Lundi, à Bruxelles, la Secrétaire générale adjointe des Nations unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, et la commissaire européenne à l’Aide humanitaire, Kristalina Gueorguieva, président une conférence sur la crise centrafricaine et les solutions à envisager pour y mettre un terme. Le problème étant qu’il est peut-être déjà trop tard.

Logistique et approvisionnement, voici l’un des défis primordiaux auquel les humanitaires doivent faire face en RCA. La question à se poser est la suivante : Qui va fournir à la population la nourriture dont elle a besoin ? Que ce soit à Bangui, la capitale, ou sur l’ensemble du territoire. En tant que professionnels de l’humanitaire, nous pouvons répondre à une partie des besoins et venir en aide aux populations les plus exposées en acheminant (à grand coût) l’aide humanitaire. Mais qu’en sera-t-il pour l’ensemble de la population ?

La majeure partie de la nourriture consommée en RCA est importée dans le pays, transportée puis vendue par des marchands locaux. Nombre d’entre eux ont fui les violences inter-ethniques qui secouent le pays, provoquant une détérioration des conditions de vie dans les camps de déplacés autour des principales villes centrafricaines. Certains se sont réfugiés au sein de leur communauté, dans des zones reculées et loin des combats. D’autres fuient vers le Tchad et le Cameroun, emportant avec eux réserves et véhicules. Quant aux routes, elles sont devenues le théâtre de violences et de pillages qui les rendent extrêmement dangereuses.

Sans commerce, et sans approvisionnement externe, les marchés fréquentés par les plus pauvres seront bientôt à cours de vivres. Ce sont ces mêmes populations, déjà fragilisées, qui souffriront le plus. On observe d’ores et déjà une baisse importante de la quantité de produits sur les étals et une augmentation des taux de malnutrition infantile dans les centres thérapeutiques d’ACF.

L’expérience a prouvé, du Soudan au Congo en passant par le Zimbabwe, que lorsque les marchés ne fonctionnent plus et que les populations sont affamées, la violence augmente. Si malgré cela, les Nations unies et l’Union Européenne optent pour des demi-mesures à court terme et à bas coût pour faire face aux problèmes sécuritaires et politiques en RCA, ils feraient bien de se préparer à en payer le prix sur le long terme. Pour seul résultat, ils obtiendront une augmentation des violences, les départs des derniers marchands du pays, des marchés à sec, l’impossibilité d’importer en raison du danger, et une population complètement dépendante d’aides extérieures hors de prix envoyées par les agences internationales. L’UE et les UN devront alors s’attendre à des coûts financiers massifs s’ils veulent éviter la faim et la famine.

La nature critique de cette crise est en partie due à des années de négligence et d’oubli de la part de la communauté internationale. Celle-ci a laissé s’installer des principes de mauvaise gouvernance sous prétexte que la Centrafrique ne représentait pas un enjeu stratégique d’importance. Et ce qui n’était alors qu’un problème est devenu une crise. Ne la laissons pas se transformer en catastrophe. Nous avons besoin d’une aide importante à court terme afin de stabiliser la crise et sauver des vies. Mais en parallèle, il est crucial de s’engager sur le long terme, avec les fonds appropriés.

Sans véritable engagement, il n’y a pas d’autre issue qu’une catastrophe dont le coût dépassera de loin toutes les prévisions. « Plus jamais ça ? », voyons ce que cela signifie pour nos politiques.

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