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Bangui

entre faux calme et vraie urgence

Fin septembre, Bangui a de nouveau été secouée par une vague de violences à l’origine de 300 blessés et plus de 60 morts, ainsi que de 42 575 personnes nouvellement déplacées dont 40% n’ont toujours pas pu rentrer chez elles, ce qui porte le nombre de personnes déplacées à 44 405 dans la capitale. Cette violence a ravivé des tensions communautaires sous-jacentes et débouché sur des revendications politiques hostiles aux autorités de transition puis, progressivement, hostiles à la communauté internationale. Dans ce contexte, les acteurs humanitaires n’ont pas été épargnés. De nombreux cas de pillages des moyens opérationnels des ONG, dont Action contre la Faim a également fait l’objet ainsi que des violences envers le personnel ont été recensés durant cette période. Une grande partie du personnel humanitaire a dû être relocalisé au Cameroun pendant quelques jours, avant de revenir en grande partie et de reprendre les activités, en particulier une réponse d’urgence aux besoins des nouveaux déplacés.


Evacué au Cameroun voisin et de retour à Bangui, un membre de l’équipe témoigne.

 

Sur le chemin de l’aéroport, la vie a repris ses droits dans le quartier Combattant : la marchandise à vendre est étalée sur des nattes à même le sol, les vendeurs ambulants et quelques restaurants semblent ouverts. J’ai eu la même impression sur la route en sens inverse quelques jours plus tôt.  Bangui semble calme. La ville s’embrase aussi vite qu’elle retourne à la normale. Les barricades ont majoritairement disparu mais se redressent au moindre regain de tensions.

Pour les activités humanitaires, c’est une reprise progressive très complexe qu’il m’est donné d’observer. Les organisations travaillent dans cette situation sécuritaire volatile, le quotidien est rythmé par des rumeurs dangereuses et des violences sporadiques qui contraignent la mise en place des programmes, et provoquent quasi systématiquement des mouvements de population et des problèmes d’accès à l’aide.

Dans le pays, les humanitaires travaillent à la remise en œuvre de leurs programmes, tout en s’adaptant aux nouveaux besoins urgents mis en avant par les premières évaluations.

Crédit : ACF France

Crédit : ACF France

Les évaluations sont-elles mêmes limitées par les déplacements rendus difficiles, et la remontée d’information de la part des populations et du personnel qui peinent à reprendre leurs mouvements habituels. Les personnes nouvellement déplacées sont encore environ 30 000 rien que dans la capitale et elles ont besoin d’une assistance d’urgence mais également d’un soutien psycho-social. Une partie d’entre elles effectuent des allers retours pour maintenir une activité économique, pour se rapprocher de leurs proches ou bien pour entretenir leur maison souvent inhabitables, avant de rentrer sur les sites le soir. A Bangui, Action contre la Faim a lancé une réponse d’urgence en eau, hygiène et assainissement en équipant les nouveaux sites de déplacés et en adaptant les infrastructures préexistantes à l’afflux de nouveaux utilisateurs. Nous avons également mis à disposition des populations une unité nutritionnelle thérapeutique d’urgence déployée au Complexe Pédiatrique afin d’accueillir en partie les patients qui ne peuvent plus se rendre dans leur unité habituelle, fermée pour des raisons de sécurité.

Crédit : ACF France

Crédit : ACF France

Cette insécurité, c’est un défi d’adaptation permanente de nos déplacements et activités afin de mener les programmes en minimisant au maximum l’exposition du personnel ou les bénéficiaires.

Dans les provinces sur les bases de Sibut, Bouar et Bossangoa, la reprise de programmes se heurte à un obstacle plus complexe encore mais pourtant bien connu des humanitaires en RCA : l’absence de sécurisation des routes. Sortir de Bangui pour rejoindre ces villes reste extrêmement périlleux au regard des nombreux braquages, pillages et actes criminels. Les stocks de contingence ne permettent pas aux bases de rester en autonomie très longtemps, alors que les possibilités de convois et d’acheminement du carburant, des fournitures nécessaires au programme sont rares et risquées, et que le fret aérien reprend au compte-goutte.

Crédit : ACF France

Crédit : ACF France

Il est difficile de faire des prévisions dans un contexte aussi changeant, mais une chose est sûre, les troubles sécuritaires liés au contexte politique risquent de se poursuivre, et les humanitaires doivent pouvoir être en mesure de continuer à livrer une assistance à la population centrafricaine. Aujourd’hui, l’espace humanitaire doit, plus que jamais, être préservé pour ne pas exposer la population déjà malmenée à des souffrances supplémentaires. Un discours que les humanitaires répètent inlassablement car la crise centrafricaine est une crise chronique qui ne bénéficie pas de l’attention qu’elle devrait.

Le faux calme qui existe à Bangui et ailleurs cache des milliers de familles à risque, vulnérables qui doivent bénéficier de la protection et de l’aide nécessaires.

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