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À la Une
Action contre la Faim lance la campagne « En finir avec la malnutrition » 815 millions en 2002.854 millions en 2006. En 2007, ce sont plus de 925 millions de personnes qui souffraient de la faim. Combien seront-ils demain ?
Alors que la flambée des prix alimentaires ne cesse de faire plonger de nouvelles familles dans la faim, ce sont déjà plus de 55 millions d’enfants qui sont en danger de mort souffrant de malnutrition aigüe. Le gouvernement américain était capable de mobiliser plus de 500 milliards d’euros pour enrayer la crise financière et le traitement des 19 millions d’enfants les plus gravement malnutris nécessiterait moins de 3 milliards d’euros par an. Qu’attend-on pour agir ? Depuis plusieurs mois, de nombreuses promesses ont été faites. Quelques initiatives ont vu le jour mais aucune solution concrète n’a pour l’instant été mise en place. Action contre la Faim lance une campagne pour que le traitement de la malnutrition soit enfin placé au premier rang des priorités mondiales.
Avril 2008. De Port au Prince à Dakar en passant par le Caire ou Dhaka, de violentes émeutes urbaines éclatent un peu partout dans le monde. Les manifestants protestent contre la flambée des prix des denrées alimentaires de base, crient leur faim et réclament une réaction de leurs pouvoirs publics.
Cette onde de choc fortement relayée par les médias du monde entier fait revenir la faim à l’agenda des gouvernements, des institutions, et des sommets internationaux. Les prévisions de la Banque Mondiale et du Programme Alimentaire Mondial sur les conséquences de cette déferlante font froid dans le dos : entre 100 et 130 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la « sous-alimentation » et souffrir de la faim dans les mois à venir à cause de la crise alimentaire.
Le sommet de la FAO à Rome en juin et la réunion du G8 au Japon en juillet ont donc été en partie consacrés à cette question. Des rallonges budgétaires conséquentes ont été promises au Programme Alimentaire Mondial pour soutenir des efforts supplémentaires en termes d’aide alimentaire. L’agriculture vivrière a fait un retour –encore inconcevable il y a quelques années- dans les préoccupations des décideurs politiques de la planète. De grandes promesses ont été faites pour « mettre le paquet sur l’agriculture » comme l’a déclaré le président français Nicolas Sarkozy à Rome. Le sommet de la FAO s’est terminé par des promesses de dons à hauteur de 6,5 milliards de dollars pour l’alimentation et l’agriculture.
Action contre la Faim, dont les équipes interviennent sur les pires terrains de la faim, a déjà pu constater sur certaines de ses missions les effets directs de la hausse des prix sur les populations (Libéria, Népal, Ethiopie, Afghanistan, etc.). L’association lançait donc dès le mois d’avril un appel en faveur de la constitution d’un Fond Mondial contre la Faim et la Malnutrition. L’objectif de ce nouvel outil était notamment d’attirer des fonds nouveaux pour lutter contre la malnutrition aigüe, fléau souvent négligé dans les politiques de santé publique des Etats ou les schémas de l’aide internationale.
Le prestigieux magazine « The Lancet » expliquait d’ailleurs en janvier dernier dans une série d’articles consacrés à cette question que, de 2000 à 2005, l’investissement international en nutrition avait été d’environ 300 millions de $ alors que dans le même temps, l’aide et la sécurité alimentaire avaient bénéficié d’1,5 milliards d’euros.
Une urgence est pourtant en cours car 1 enfant sur 10 dans le monde souffre de malnutrition. Si le simple fait de soulager leurs souffrances n’est pas une motivation suffisante pour les bailleurs de fonds et les décideurs internationaux, il est utile de rappeler que la malnutrition coûte jusqu’à 2 à 3% du PIB des pays les plus touchés du fait des conséquences en terme de développement. (Rapport Banque Mondiale 2006 Repositioning Nutrition as Central to Development).
Parallèlement à l’initiative d’ACF, le président Français Nicolas Sarkozy lançait en juin dernier l’idée d’un « partenariat mondial pour l’alimentation et l’agriculture »basé sur 3 piliers :
Si Action contre la Faim se réjouit qu’une partie des idées fondatrices du « fonds mondial » aient été reprises par le gouvernement français et soutenues par l’Espagne, le Royaume-Uni ou l’Allemagne, l’organisation humanitaire tient tout de même à souligner quelques points d’achoppement avec le projet, tel qu’il est présenté actuellement :
Action contre la Faim lance donc une campagne internationale dont l’objectif est de plaider pour que la lutte contre la malnutrition soit réellement intégrée dans les dispositifs futurs mis en place pour répondre à la crise alimentaire mondiale.
La campagne va se dérouler en différentes étapes :
Ce colloque scientifique et technique réunira des représentants d’Unicef, Europaid, Fondation Clinton, CNAM, IRIS, MSF Suisse, Ministère de la santé du Niger et du Burkina Faso, Valid International, Fondation Gates, GAIN, ECHO, ACF, etc. Cette journée se terminera par une rencontre-débat sur « Crise alimentaire : vers une explosion de la malnutrition infantile ? », en présence de Jean Ziegler (comité consultatif du conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Eric Laroche (Directeur Adjoint Interventions sanitaires en cas de crise, OMS), Pascal Boniface (Directeur de l’IRIS), Florence Lasbennes (Chef du Bureau des politiques de développement économique et agricole, Ministère des Affaires Etrangères), François Danel (Directeur Général d’ACF).(Dossier complet de présentation du colloque disponible sur demande)
Le rapport conclut entre autres qu’il faudrait au maximum 3 milliards d’euros par an chaque année pour traiter les 19 millions d’enfants souffrants de malnutrition aigüe sévère.