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À la Une
Les équipes d’Action contre la Faim (ACF) actives sur le terrain s’inquiètent des risques pesant sur une aide humanitaire vitale aux populations. ACF appelle toutes les parties au conflit et tous les acteurs impliqués en République centrafricaine à reconnaître l’impartialité des acteurs humanitaires et respecter une distinction nette entre objectifs politico-militaires et objectifs humanitaires, au risque de rencontrer des difficultés croissantes sur le terrain.
L’association travaille sans interruption depuis 8 ans en Centrafrique, et depuis début décembre 2013 dans une vingtaine de sites de la capitale Bangui ainsi qu’à Bossangoa afin de répondre aux urgences, et traiter et prévenir la malnutrition. Depuis quelques jours, les équipes d’ACF font face à des tensions pour continuer à délivrer une aide vitale aux populations les plus vulnérables.
Alors que les violences intercommunautaires ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir les exactions et leurs quartiers détruits, des incidents et des menaces contre les ONG continuent d’être relevés par différentes organisations humanitaires, dont ACF, dans plusieurs zones du pays et à l’approche de certains sites de regroupement ou de transit ; principalement ceux regroupant des membres de la communauté musulmane.
Pour ACF, ces menaces prennent notamment leur source dans la méconnaissance du fonctionnement des humanitaires et dans la confusion croissante entre objectifs politiques et objectifs humanitaires.
ACF tient donc à rappeler à toutes les parties au conflit que les humanitaires agissent au nom du principe d’humanité et selon les principes d’impartialité, d’indépendance et de neutralité, et qu’ils répondent aux besoins des populations civiles sans discrimination politique, religieuse, ou ethnique. Notre action cible en premier lieu les personnes les plus vulnérables selon des critères définis lors d’évaluation des besoins humanitaires.
ACF alerte sur les risques croissants de confusion entre les actions politiques ou militaires et les activités humanitaires, notamment du fait des déclarations et opérations de certaines parties au conflit. Ces déclarations clivantes – particulièrement quand elles émanent de forces armées internationales – entrainent des risques pour les organisations humanitaires internationales, qui peuvent être injustement associées à ces prises de position. Avec les discussions actuelles visant à mettre en place dans les mois à venir une mission de maintien de la paix ayant des objectifs politiques, militaires et humanitaires, cette confusion va s’amplifier. Les organisations humanitaires doivent prendre garde à ne participer à aucune opération mixte. Une distinction nette entre les différents parties au conflit et les humanitaires doit être opérée et préservée pour limiter le risque que les ONG humanitaires soient faussement perçues comme partiales par certains acteurs du conflit.
Chez certains porteurs d’armes se développe un sentiment « anti-ONG », au-delà du banditisme que nous subissons depuis de longs mois, et une volonté plus ou moins organisée de bloquer l’aide vers les populations vulnérables.
« Nous continuons à pouvoir travailler, mais la montée de cette perception faussée nous inquiète beaucoup et ACF craint qu’elle ne se développe dans les jours et semaines à venir » explique Nicolas Fuchs, chef de mission d’ACF en République Centrafricaine.
L’accès des humanitaires aux populations civiles, bien souvent privées d’accès aux services de base et dans l’impossibilité de circuler, demeure fondamental « nos équipes peuvent aujourd’hui se déplacer dans la très grande majorité des zones du pays, mais elles ont été bloquées une fois cette semaine et ont subi des menaces verbales la semaine dernière à l’approche du site de la mosquée de Begoua, alors que plus de 100 enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère y sont actuellement soignés. Une interruption du traitement de ces enfants signifierait une mort quasi certaine » précise Nicolas Fuchs.
À Bangui, à Bossangoa et dans toutes les régions Ouest du pays, ACF intervient auprès de tous les Centrafricains vulnérables sans distinction pour sauver des vies et prévenir une plus grande détérioration de leurs conditions de vie. « De même qu’il est clair que nous travaillons davantage aujourd’hui auprès des populations chrétiennes, tout simplement parce qu’elles sont plus nombreuses et que beaucoup sont extrêmement vulnérables et ont subi des pertes immenses, il faut également entendre que les familles musulmanes isolées, privées de tout et en risque sécuritaire permanent, ont également des besoins immenses et doivent pouvoir également recevoir une aide. Nous devons continuer à intervenir auprès de toutes les communautés selon leur degré de vulnérabilité sans distinction de religion. Le fait que ce degré de vulnérabilité soit notre unique guide doit être accepté, respecté et protégé par tous afin que nous puissions continuer à apporter l’aide nécessaire » poursuit Nicolas.
Action Contre la Faim travaille depuis 8 ans en République centrafricaine auprès de toutes les communautés. L’organisation assistait les populations vulnérables avant la crise humanitaire actuelle qui a des racines profondes, qui nécessitera des interventions de long terme et la présence des équipes d’humanitaires auprès des populations bien après le départ des armées.
Dans la période extrêmement trouble dans laquelle se trouve la République centrafricaine, dont une crise alimentaire en cours et une pauvreté croissante, l’accès aux populations et les principes humanitaires qui fondent l’action des ONG humanitaires doivent être plus que jamais préservés et respectés.
Contacts presse :
Paris : Karima Zanifi : +33 (0)1 43 35 82 37 / kzanifi@actioncontrelafaim.org
Bangui : Lucile Grosjean +33(0)6 74 69 59 64/+236 70 55 16 88/lgrosjean@actioncontrelafaim.org
Contact Paris urgence, week-end et jours fériés : 06 70 01 58 43
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