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2.1 CDCS_Gallo_Site Bore Haoussa_Forage-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

À la Une

République centrafricaine

Accompagner les personnes centrafricaines retournées du Cameroun et les communautés hôtes

A l’ouest de la République centrafricaine, près de la frontière camerounaise, les crises successives et les épisodes de violence ont poussé des centaines de milliers de centrafricains à se déplacer à l’intérieur de leur pays ou à fuir vers les pays voisins depuis 2013. Certains ont dû s’exiler pendant des années. En 2024, 127 000 personnes étaient retournées et 337 000 personnes déplacées internes, sur un total de 6,1 millions d’habitants, selon l’aperçu des besoins humanitaires.

Le contexte sécuritaire s’étant peu à peu stabilisé, de plus en plus de réfugiés reviennent du Cameroun dans leur communauté d’origine, principalement dans les préfectures de la Nana-Mambéré et de l’Ouham-Pendé. Mais dans ces régions rurales où l’accès aux moyens d’existence tels que l’eau, la terre et les activités génératrices de revenu fait défaut, les retournés centrafricains peinent à reconstruire leur vie et à subvenir aux besoins de leur famille.

Grâce au soutien des autorités locales, du gouvernement, du Centre de crise et de soutien (CDCS), de l’Union européenne (UE), et en partenariat avec DRC, Care et NRC, Action contre la Faim met en œuvre un projet d’assistance en eau dans la province de la Nana-Mambéré et un programme multisectoriel d’amélioration des conditions de vie des personnes retournées du Cameroun et celles des communautés hôtes (programme SOLID). De l’autre côté de la frontière, côté camerounais, le programme SOLID apporte également des solutions durables pour les réfugiés et retournés centrafricains et pour les communautés hôtes au Cameroun et en République centrafricaine. Ces projets permettent à Action contre la Faim de déployer des activités d’urgence et de résilience ; deux approches complémentaires qui assurent un soutien long terme aux communautés de la région.

 

Répondre aux besoins en eau et apaiser les tensions intercommunautaires

 

Dans des zones à forte densité de population, les communautés autour de Bouar reçoivent moins de 15 litres d’eau par jour et par personne pour subvenir à l’ensemble de leurs besoins liés à l’alimentation et à l’hygiène, soit moins du minimum standard. Avec le retour des personnes réfugiées centrafricaines, la pression sur les ressources hydriques n’a fait qu’augmenter tandis que les infrastructures manquent. Depuis 2024, Action contre la Faim, avec l’appui du CDCS, a réalisé 6 forages, réhabilité les forages existants et créé, formé et équipé des comités de points d’eau (CPE). Ces interventions permettent de garantir l’accès à l’eau et de limiter le risque de maladies d’origine hydrique pour 4000 personnes retournées du Cameroun résidant sur l’axe Garoua Boulaï-Bossemptelé.

CDCS_Gallo_Site_Construction chateau d'eau-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Site de construction d’un château d’eau à Gallo.

2.3 DUE_Bowane 1_Ouverture point d'eau hygiéniste-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Ouverture d’un point d’eau à Bowane.

DUE_Test forage avec ANEA (Agence Nationale de l'Eau et de l'Assainissement)-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Test de forage mené avec l’Agence nationale de l’eau et de l’assainissement (ANEA).

1.2 RP EAH Bouar-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Samson Degoto, responsable du programme eau, hygiène et assainissement d’Action contre la Faim à Bouar.

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Il y a quatre ans, Aissatou a pris la décision de rentrer du Cameroun. Une fois de retour dans sa région d’origine, elle a dû faire face à des conditions de vie adverses et se réinventer. « Avant, nous n’avions pas d’eau potable et tout le monde allait chercher de l’eau à 2 kilomètres ou bien en brousse. Les gens étaient souvent malades : ils avaient des maux de ventre, de la diarrhée. Le forage nous a beaucoup aidés », explique Aissatou.  En tant que trésorière du comité des points d’eau de Bore Haoussa, à Gallo, elle se réunit deux fois par mois avec les quatre autres membres du comité pour échanger sur la gestion de l’eau et des jardins, et voter d’éventuelles réparations des infrastructures. La gestion directe des ouvrages, grâce à des comités de points d’eau composés de représentants de la communauté hôte et de retournés du Cameroun, contribue à garantir la durabilité des projets.  Par ailleurs, l’implication des femmes dans les instances de gestion des points d’eau permet de renforcer leur place dans la prise de décision et de briser des barrières culturelles. Aujourd’hui, sur 35 membres des comités de point d’eau formés par Action contre la Faim dans le cadre de ce projet, 20 sont des femmes dont 7 issues de la communauté hôte et 13 retournées du Cameroun.

Au début du projet, aucun point d’eau n’était disponible sur les sites des retournés, qui se rendaient dans d’autres communautés pour chercher de l’eau. Des querelles ont commencé à surgir et des cas d’agressions physiques ont été signalés. En allégeant la pression sur les infrastructures hydrauliques, le projet contribue à apaiser les tensions intercommunautaires et à renforcer la cohésion sociale. En outre, la réduction des distances à parcourir et du temps d’attente pour s’approvisionner en eau contribue aussi à la réduction des risques de violence basée sur le genre pesant notamment sur les femmes et les filles.

« On a investi sur des ouvrages qui seront pérennes, comme les châteaux d’eau et les forages, et nous prévoyons, avec le programme SOLID, de réaliser cinq nouveaux forages maraîchers pour soutenir les organisations paysannes. Un meilleur accès à l’eau contribue à réduire les tensions communautaires. On s’assure que les comités de point d’eau sont toujours mixtes pour éviter qu’un groupe ou l’autre soit marginalisé. Accompagner les deux communautés permet de créer ce lien. Ils mènent aujourd’hui des activités ensemble », explique Samson Degoto, responsable du programme eau, hygiène et assainissement d’Action contre la Faim.

 

Renforcer l’autonomie alimentaire et la résilience aux chocs

 

Les ménages déplacés, hôtes et retournés défavorisés, qui dépendent totalement du marché pour répondre à leurs besoins alimentaires, sont les plus susceptibles de souffrir de la faim. Bien que réparties sur l’ensemble du territoire centrafricain, ces personnes sont particulièrement représentées dans la préfecture de la Nana-Mambéré, classée au niveau 3 (situation de crise) de l’insécurité alimentaire.

A travers une approche multisectorielle Action contre la Faim soutient les communautés afin que ces dernières puissent produire suffisamment, tout au long de l’année, et subvenir à leurs besoins. « Nous combinons les programmes d’eau, d’hygiène d’assainissement et les programmes de sécurité alimentaire et moyens d’existence et de santé mentale. Cela permet de travailler en profondeur sur les problèmes sociaux et de renforcer les capacités et la résilience des populations », insiste Rodrigue Gnoula, Coordinateur de la base d’Action contre la Faim à Bouar.

Les programmes de sécurité alimentaire et moyens d’existence incluent des formations, la fourniture d’outils agricoles et la promotion d’approches agro-écologiques valorisées par ACF, où les systèmes de production s’appuient sur les ressources locales (semences et fertilisants locaux par exemple). Dans le cadre du projet SOLID, Pélagie a reçu un poulailler, onze volailles et bénéficié d’une formation sur la conduite de l’hygiène du poulailler ainsi que sur l’alimentation. « Actuellement, j’ai 28 œufs et cinq poussins. Lorsque j’aurai plus de poussins j’en vendrai une partie », explique-t-elle en se tenant fièrement devant son poulailler.

2.2 DUE_Tédoua_Pélagie © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Pélagie se tenant devant son poulailler à Tédoua.

2.1 CDCS_Gallo_Site Bore Haoussa_Jardin potager-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Aissatou marchant dans un jardin potager sur le site de Bore Haoussa à Gallo.

2.2 DUE_Tédoua_Déplacement avec les équipes vers le poulailler-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Déplacement des équipes d’Action contre la Faim à Tédoua.

1.1 CT Bouar-min © Ségolène Vedrine pour Action contre la Faim

Rodrigue Gnoula, Coordinateur de la base d’Action contre la Faim à Bouar.

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En parallèle, Action contre la Faim a créé des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) et dispensé des formations qui permettent à ses membres d’épargner des sommes plus importantes et d’investir dans des activités ou des projets (élevage, petit commerce, etc.). Les sessions portent sur les caractéristiques et le fonctionnement des groupes d’épargne, prodiguent des conseils sur la manière de faire des emprunts, sur comment investir et comment se redistribuer les parts à la fin des cycles. Si les communautés ont généré des intérêts, la somme totale est redistribuée entre les membres. « J’ai effectué un cycle de neuf mois avec, au départ, un achat de part de 500 Francs CFA (un équivalent de 0,76 euros). J’ai pris un crédit auprès des AVEC pour vendre de l’huile de palme, des produits de première nécessité. Le crédit m’a permis d’acheter plus de produits. La formation sur les AVEC m’a permis de savoir où garder mon argent. Mes économies m’ont ainsi permis d’inscrire mon enfant à l’école », raconte une villageoise de Tédoua.

Dans le cadre du projet SOLID en eau, hygiène et assainissement, sécurité alimentaire et moyens de subsistance et santé mentale et soutien psychosocial, 71 423 personnes retournées du Cameroun et membres des communautés hôtes seront appuyées en RCA et 83 770 réfugiés et membres des communautés hôtes au Cameroun. Mais dans un contexte de baisse drastique des financements, les conditions de vie restent précaires pour la population de la Nana-Mambéré. En quatre ans, le volume global des financements en RCA a diminué de plus de 50% et de nombreux habitants s’inquiètent pour leur futur. « Près de 1000 personnes vont chercher de l’eau dans le forage. Mais parfois les femmes ne trouvent plus d’eau. Nous avons besoin de plus de forages, mais pas seulement. Il nous faut des abris et davantage d’accès à l’alimentation », conclut Aissatou.

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