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Témoignages

Mali

Témoignage d’Inaki, de retour du Mali

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« De toutes parts, la poussière et une chaleur sèche me brûlent les os. Les grabats dans lesquels nous allons dormir en dessous d’un tison de tuyaux paraissent résistants contrairement à la toiture. La moustiquaire est indispensable. Nous n’avons ni eau courante, ni électricité, exceptée celle produite par un générateur à essence qui fonctionne faiblement la nuit. Nos toilettes sont de simples latrines à la belle étoile. Par-dessus le marché, le tonnerre se fait entendre. La tempête se rapproche et la pluie est assurée.

 

 

Partis de Bamako avec trois collègues journalistes (Maria Jésus, Maria et Helena) et un aide de camp, nous venons d’arriver à Sagabary. Aimable et souriant, Samuel, le coordinateur local des équipes d’Accion contra el Hambre nous accompagne. Notre objectif : toucher de près la réalité des 23 villages environnants intégrés à un programme de développement cofinancé par le gouvernement de Navarre, et connaître les activités de lutte contre la faim que mène l’association dans cette zone rurale et reculée du Mali.

 

 

La nuit arrive, la surprise et la stupeur se lit sur tous nos visages à la vue des conditions dans lesquelles nous allons vivre durant les prochains jours. La vérité est qu’aucun d’entre nous ne s’y attendait et par conséquent la réalité nous rattrape brusquement.

 

 

Il est 5h30 du matin, les femmes s’approchent du puits pour récupérer de l’eau et récurer quelques marmites. Ici un réveil n’est pas nécessaire. La nuit fût mouvementée mais finalement nous avons survécu.

 

 

Après un petit déjeuner frugal, nous partons pour l’une des communautés : secousses garanties. L’accueil des villageois nous laisse sans voix. Ils nous saluent avec effusion, ils se présentent, et par l’intermédiaire de nos collègues de travail maliens, nous nous présentons. La session commence. Ils nous racontent comment au début, ils étaient sceptiques en ce qui concerne les banques de céréales et les vergers familiaux. Mais maintenant que le projet arrive à son terme, ils peuvent constater les améliorations faites au cours des trois dernières années pour leur village et leur communauté. Maintenant, commentent-ils, ils se sentent plus forts (ils comprennent les avantages qu’il y a à travailler en groupe en recherchant des intérêts communs), ils entrevoient un futur meilleur. Déjà, on ne peut les duper au moment de leur vendre engrais et semences. Ils savent comment tirer le meilleur parti de la récolte et ont découvert une variété de cultures qui sont très avantageuses aussi bien sur le plan nutritionnel que pécuniaire. Mais tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg, d’un travail consciencieux et professionnel. Œuvrer jour après jour en communauté n’est pas chose facile, cela suppose beaucoup de patience mutuelle, de temps, d’empathie et de capacité d’écoute. Cela ne coïncide pas vraiment avec le rythme que nous connaissons. Peut-être que là est la clé. Au moment du départ nous sont offerts de généreux cadeaux : des bananes, un sac d’oranges, et deux papayers. Ils nous donnent une partie du peu qu’ils possèdent et nous devons accepter. Le djembé et les chants résonnent et nous nous joignons aux danseurs avec plus ou moins de grâce, mais toujours parmi les rires festifs. Les remerciements sont mutuels et je pense à la vie de toutes ces personnes, à la mienne, au futur…

 

 

De retour au campement, je me rends compte que la problématique de la faim devrait être prioritaire, car elle est trop importante et trop grave pour regarder ailleurs. J’aimerais bien que ceux qui régissent notre planète aient été parmi ces foyers, peut-être que les choses seraient différentes. A certains moments, je me sens chanceux d’être ici, de participer à ce processus de changement, et en cela, mes excellents compagnons de voyage me rejoignent. C’est une chance d’accompagner et d’être accompagné de tant de gens qui luttent de toutes leurs forces pour améliorer leur futur ainsi que celui des autres. Sans aucun doute, tout ce travail réalisé en vaut la peine.

 

 

Bien sûr au bout de compte, mon lit, mes toilettes, et ma boîte de sardines ne sont pas si mal. Une dernière chose, la nuit venue, au moment où le générateur s’éteint, sans électricité, nous avons pu écouter le silence et voir le ciel le plus étoilé que l’on peut imaginer sans avoir besoin d’aller au planétarium. »

 

Inaki San Miguel Pascual,

Délégué de Navarre

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