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À la Une

Sanaa sous les bombes

Témoignage d’Abdulhafeed Al-Amery, travailleur humanitaire pour Action contre la Faim au Yémen.

Au Yémen, les travailleurs humanitaires font face quotidiennement à des problèmes d’accès et de sécurité tandis qu’ils tentent de venir en aide à la population yéménite. A l’occasion de la journée internationale de l’aide humanitaire, Abdulhafeed Al-Amery, responsable adjoint des programmes de sécurité alimentaire et moyens d’existence à Sanaa, répond à nos questions. Au Yémen, depuis le 26 mars, la coalition arabe soutenue par la communauté internationale bombarde les Houthis, groupe rebelle chiite opposé aux forces gouvernementales, avec des conséquences dramatiques pour la population civile prise au piège entre les belligérants. Selon les dernières estimations, le conflit aurait fait 4 400 morts et des milliers de blessés.

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Distribution d'argent pour des déplacés dans le district de Qofl Shamere

Distribution d’argent pour des déplacés dans le district de Qofl Shamere

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Quelle est la situation humanitaire au Yémen et quels sont les principaux besoins humanitaires?

Le conflit actuel et l’instabilité politique ont entraîné une crise humanitaire majeure. 80% de la population yéménite a besoin d’une assistance humanitaire. A cause de la guerre, la plupart des gens ont perdu leur emploi, avec pour conséquence une perte de revenus pour les familles et une baisse des moyens de subsistance. La situation est aggravée par la pénurie d’essence, d’électricité, de gaz, d’eau. La plupart des services publiques sont hors-service. Le manque de fuel limite la disponibilité de nourriture et d’autres biens sur les marchés.

La population a besoin de beaucoup plus que ce que peuvent fournir les organisations humanitaires. Avec l’escalade de la violence et l’insécurité grandissante, la sécurité alimentaire risque de se détériorer si l’accès à la nourriture ne s’améliore pas significativement.

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Que fait Action contre la Faim pour répondre aux besoins de la population?

Action contre la Faim met en place des activités d’urgence vitales au nord et au sud du Yémen, afin de répondre rapidement aux besoins de la population. Nous intervenons à la fois auprès des personnes déplacées à cause des combats et auprès des populations hôtes qui les accueillent, grâce à une approche intégrée couvrant les domaines de la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé et l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement.

Au tout début du conflit, nous avions ciblé un nombre total de 649 foyers déplacés dans le gouvernorat de Hajjah, avec une réponse basée sur une distribution d’argent permettant de subvenir aux besoins de chaque famille pour un mois. Le gouvernorat de Hajjah est l’un des plus affectés par les bombardements aériens. En conséquence, les déplacements de population y sont importants.

Par ailleurs, nous avons distribué de la nourriture à 9 269 foyers, chacun recevant du blé, de l’huile et un mélange de soja et de blé.

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Comment le contexte actuel affecte les activités et votre travail quotidien?

Nous faisons face à des difficultés d’accès à la population à cause des bombardements aériens et du système routier partiellement inaccessible. Dans le nord du pays, nous avons dû arrêter certains programmes à cause d’incidents liés à la sécurité. Une distribution qui peut être faite en une semaine prend un mois entier à cause des bombardements et des combats.

Distribution d'argent pour des déplacés dans le district de Qofl Shamere

Distribution d’argent pour des déplacés dans le district de Qofl Shamere

Nos activités sont aussi affectées dans le sud du pays et la pénurie d’essence est un problème majeur, pas seulement pour ACF mais pour tous les acteurs humanitaires et bien sûr pour la population. J’ai été personnellement victime d’un bombardement dans le district de Faj Atan, à Sanaa où je vis. Une partie de ma maison a été détruite et le reste a été pillé. Heureusement à ce moment-là, je vivais chez un ami et ma famille était à Taiz, dans le sud. Après cela, j’ai eu des difficultés à trouver un endroit pour vivre parce que toute la ville de Sanaa était bombardée, les gens avaient peur et fuyaient la ville.

Il est difficile de se déplacer dans et autour de Sanaa, parfois nous n’avons aucun moyen de transport, privé ou public. Nous faisons face à des coupures de courant et l’approvisionnement en nourriture n’est pas régulier sur les marchés.

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Comment gérez-vous personnellement une telle situation?

En tant que travailleur humanitaire, je dois continuer à travailler. Beaucoup de gens ont besoin d’aide et nous sommes convaincus que c’est notre rôle et la raison de notre engagement humanitaire de leur venir en aide. Je fais partie d’une équipe, nous devons répondre présent les uns pour les autres.

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Comment votre famille vit votre absence? Comment assumez-vous votre vie de famille et votre travail?

Evidemment, ma famille m’a demandé tous les jours de quitter notre maison et d’aller vivre à Taiz pour être en sécurité. J’ai refusé pour continuer à travailler et faire fonctionner les programmes en place, sans quoi l’aide humanitaire ne peut atteindre les personnes qui en ont le plus besoin. Ils sont donc partis s’installer à Taiz et je suis resté à Sanaa. C’était très difficile au début, surtout de savoir que mon fils demande pourquoi son père ne rentre plus à la maison le soir. Je suis resté trois mois loin de ma famille, mais lorsque le conflit a commencé à Taiz, je les ai tous ramenés à Sanaa.

 

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