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À la Une

Libéria

Le Libéria frappé de plein fouet dans une trop grande indifférence

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La crise alimentaire mondiale due notamment à la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants a été largement commentée ces derniers mois, chaque acteur affirmant l’importance de s’attaquer au problème. L’étude menée par Action Contre la Faim à Monrovia révèle l’extrême vulnérabilité de la population libérienne face à cette crise. Le rapport analyse la situation humanitaire et économique du pays, met en lumière que la sécurité alimentaire des populations est sérieusement compromise (malgré les mesures prises par le gouvernement), et propose un plan d’action concret pour tenter de limiter les conséquences dramatiques de cette crise. Au vu de l’évolution du marché mondial, de la saison agricole et des stocks de nourriture, le pic de la crise n’est pas encore atteint au Libéria et la situation ne peut qu’empirer dans les mois à venir. Mais, à ce jour, la mobilisation est insuffisante alors que cette crise frappe de plein fouet une population déjà fragile.

Action contre la Faim a observé une augmentation de 40% de nouvelles admissions dans ses centres de renutrition à Monrovia entre janvier et juin 2008, ce qui illustre le type de risques encourus par les plus vulnérables, Mais, si Action contre la Faim a pu augmenter la capacité de ces centres de renutrition, les équipes peinent à trouver des bailleurs de fonds intéressés pour financer un programme de cantines pour 26 000 enfants de moins de 3 ans directement menacés de malnutrition dans certains bidonvilles de Monrovia.

 

Une situation intenable pour de plus en plus de Libériens

Le Libéria, dont l’économie et le secteur agricole ont été ravagés par 14 ans de guerre civile (jusque 2003), est particulièrement vulnérable à l’instabilité du marché international. En effet, son économie est largement fondée sur la production de produits pour l’exportation (le caoutchouc représente 92% des exportations), et sur l’importation de produits de base (le pétrole et la nourriture représentent respectivement 25% et 24% des importations du pays en 2007). Toute variation des prix de ces denrées sur les marchés internationaux se répercute immédiatement sur le pouvoir d’achat, avec des conséquences dramatiques pour les plus pauvres.

Ainsi, 92% du riz consommé à Monrovia provient d’importations (le riz est la nourriture de base de la population). Le gouvernement a mis en place un système de contrôle des prix de la vente au sac de 50 kg (31 US dollar). Une famille consomme en moyenne un sac et demi de riz par mois, mais les ménages les plus vulnérables n’ont pas la capacité financière d’acheter le riz d’un coup par sac, et l’achètent donc à la tasse. Or le prix à la tasse n’est pas contrôlé et est 20% plus cher (39 US$ en mai dernier pour 50 Kg), Ce sont donc les plus vulnérables qui paient leur riz le plus cher. Il faut rappeler qu’on estime à 29% la population urbaine vivant dans une situation d’extrême pauvreté en zone urbaine au Libéria (personnes vivant avec moins de 1 US dollar par jour).

Cette situation devient intenable pour la population de Monrovia, et s’aggrave avec l’arrivée de la saison des pluies (Juin – Octobre). En effet cette période apporte son lot de risques sanitaires (épidémies), de difficultés de déplacements, et de hausse des prix des produits alimentaires locaux (période de soudure en zones rurales). Elle se traduit par une diminution des sources de revenus, avec la raréfaction des emplois journaliers pour les hommes et la difficulté à faire tourner les petits commerces (généralement tenus par les femmes).

Conséquences directes de cette diminution des revenus et de l’augmentation des prix des denrées : changement dans le régime alimentaire avec la disparition des protéines (viande et poisson) pouvant avoir de fortes conséquences à court et long terme sur leur santé, participation croissante des enfants à l’économie familiale, augmentation significative du banditisme dans la capitale.

 

Nécessité de passer à l’action au-delà des déclarations

Le budget national de l’Etat Libérien est d’environ 200 millions de dollars, soit l’équivalent du budget d’une ville comme Montauban. Si certaines mesures ont été prises à l’échelle nationale pour tenter de limiter la hausse des prix des denrées, elles restent aujourd’hui extrêmement limitées : le Libéria doit compter sur la communauté internationale pour venir à bout de cette crise.

Présentes depuis 1990 au Libéria, les équipes d’Action contre la Faim sur le terrain proposent une liste des recommandations et un plan d’action à court et à moyen terme. Pour venir en aide en urgence aux milliers d’enfants et leurs familles touchés par cette crise, il s’agit d’augmenter la capacité de traitement de la malnutrition aigüe à 3 600 enfants (en cours) ; de mettre en place des cantines dans les zones les plus vulnérables de Monrovia pour 26 000 enfants afin de s’assurer qu’ils bénéficient d’au moins un repas par jour et de distribuer des bons alimentaires pour les femmes enceintes ou allaitant, de mettre en place des activités de « travail contre rétribution » pour augmenter le pouvoir d’achat des personnes les plus vulnérables, etc. En complément, des actions à plus long terme sont proposées, en particulier pour relancer l’agriculture locale, en zone rurale comme en zone urbaine (jardins potagers).

 

Depuis un mois, ACF tente de mobiliser les acteurs internationaux impliqués au Liberia, dont les bailleurs de fonds, à cette situation alarmante, mais à ce jour, le pas de l’action n’est quasiment franchi par aucun. Le Programme Alimentaire Mondial publie pourtant prochainement une étude présentant des conclusions similaires.

Alors que beaucoup ont fait des déclarations sur l’importance de s’attaquer à cette crise, sur la façon dont ils s’engageaient à financer des interventions au cas où un pays était frappé de plein fouet, l’exemple inquiétant du Libéria montre qu’il n’en est rien. Faut-il attendre que les enfants meurent pour que la crise soit déclarée ?

Considéré à juste titre comme un pays en reconstruction, le Libéria doit aujourd’hui faire face à une urgence humanitaire que constatent tous les jours les équipes d’ACF mais aussi les autres acteurs dans le pays. Cette crise immédiate et les défis à moyen terme qu’elle révèle risquent de remettre en question une grande part des efforts de reconstruction entrepris dans le pays depuis la fin de la guerre il y a 5 ans.

Qu’attendons-nous pour agir ?

 

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