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MicrosoftTeams-image (20) © Caleb Taryanouba pour Action contre la Faim

À la Une

Les conflits non résolus engendrent faim et déplacements

un appel à l’Afrique et à l’Europe

MicrosoftTeams-image (20) © Caleb Taryanouba pour Action contre la Faim

Touchant le Yémen, la Somalie, le Soudan du Sud et le Nord du Nigeria, mais également les pays du bassin du lac Tchad. Malgré les efforts conjugués des acteurs humanitaires pour éviter la famine, la situation dans ces pays est, selon la FAO, seulement un échelon en-dessous de la famine. Au Soudan du Sud, 6 millions de personnes – soit près de la moitié de la population – sont gravement en insécurité alimentaire avec des poches de famine déclarées (IPC 5); dans le nord-est du Nigeria, 5,2 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire grave, dont 3,4 millions souffrent de malnutrition aiguë sévère; 3,2 millions de personnes en Somalie et 6,8 millions de personnes au Yémen souffrent d’insécurité alimentaire grave en raison de l’effet cumulatif de la sécheresse, des conflits, des déplacements et de l’insécurité.

En outre, le Yémen est touché par une épidémie de choléra sans précédent avec 900 000 cas suspectés. La fermeture actuelle totale des frontières du Yémen, qui équivaut à un blocus de facto, ne fait qu’aggraver les souffrances de la population en bloquant l’accès à l’aide humanitaire et à l’importation de biens de consommation. Les populations sont déplacées de leurs maisons et forcées d’abandonner leurs biens, leurs moyens de subsistance, leurs récoltes et leurs terres, les laissant sans dispositif de protection. Dans le nord-est du Nigeria par exemple, 2,5 millions de personnes déplacées à cause du conflit ont ainsi perdu tous leurs biens et sont exposées à la faim. De la même manière, environ 1,5 million de personnes en Somalie et 1,88 million de personnes au Soudan du Sud ont été déplacées et 2,1 millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, à la recherche de sécurité et de nourriture. Cependant, les appels de l’ONU pour les quatre pays ne sont couverts qu’entre 54,5% et 66% à la fin de 2017.

Les 29 et 30 novembre 2017, l’Union africaine et l’UE se réuniront à Abidjan pour le 5ème Sommet UA-UE. Ce sommet, tout en mettant l’accent sur la jeunesse, offre l’occasion de trouver des solutions communes pour les populations prises au piège dans les conflits, obligées d’abandonner tous leurs biens et leurs moyens de subsistance pour fuir et survivre. Cette situation est un problème tant pour les pays africains que pour l’UE et ce sommet doit être une occasion pour aborder les conséquences extrêmes des crises causées par l’homme, la faim dans sa pire forme et les déplacements forcés des populations. Pour cela, il est essentiel que les pays européens et africains commencent à s’attaquer efficacement aux crises d’origine humaine et aux risques de famine.

La faim, et en particulier la famine, ne sera pas évitée à moins que la violence et les conflits ne soient considérés comme des facteurs aggravants. Bien que difficile, il est absolument nécessaire que l’interconnexion entre la faim, les déplacements forcés et les conflits soit pleinement comprise et traitée. Soutenir la résilience des communautés, l’accès aux services de base, y compris la santé et l’éducation, et les systèmes d’alerte précoce, promouvoir des modèles de développement durable et une approche fondée sur les droits sont des solutions pour éradiquer la faim et la pauvreté. Nous exhortons les décideurs africains et européens à user de leur influence pour faire en sorte que les belligérants s’engagent dans un dialogue de paix tout en garantissant un accès libre et sans entrave aux services de base à toutes les personnes touchées.

Lors d’une conférence organisée par Action contre la Faim et le Conseil Danois des Réfugiés (DRC) le 21 novembre 2017 à Bruxelles, huit recommandations ont été mises en avant pour aider à rompre le cercle vicieux entre la faim, les conflits et le déplacement des populations.

Les agences appellent :

  • L’Union africaine, l’Union européenne et les États membres à utiliser leur influence politique et diplomatique pour engager les parties vers une résolution des conflits qui mettent actuellement plus de 20 millions de vies en danger, pour la protection des civils pendant les conflits, pour assurer l’accès à l’aide humanitaire pour les populations les plus vulnérables et pour s’attaquer aux causes profondes de la faim pendant les conflits;
  • L’Union africaine, l’UE et les États membres à promouvoir et à respecter l’accès humanitaire pour garantir que les personnes dans le besoin, y compris les populations déplacées, reçoivent une assistance et évitent la faim. Cela signifie également l’amélioration de la coordination de la réponse humanitaire en renforçant le dialogue entre les ONG et les forces de sécurité pour assurer une distinction claire entre les mandats humanitaires et militaires, et pour faciliter la distribution sans entraves de l’aide partout où cela est nécessaire;
  • L’Union africaine, l’UE et les États membres à adopter une approche fondée sur les droits et à placer la protection des civils au centre de toutes les politiques et réponses afin de garantir que les populations déplacées, en particulier les femmes et les filles, ne soient pas contraintes à de nouveaux déplacements en raison de l’absence de protection et de la violation des droits. Cela inclut par exemple l’arrêt des retours de réfugiés et de personnes déplacées vers des zones ne disposant pas d’un accès adéquat aux services de base et à la sécurité des personnes. Les retours doivent être volontaires, sûrs, informés et dignes, avec des services de base disponibles dans les zones de retour. La gestion des migrations ne devrait pas être utilisée comme monnaie d’échange pour le financement du développement;
  • L’Union africaine, l’Union européenne et les États membres à développer un financement plus rapide et plus flexible et à pré-positionner le matériel d’aide humanitaire pour intervenir à mesure que les zones deviennent accessibles et s’assurer que des poches de faim ne se développent pas
  • L’Union africaine, l’Union européenne et les États membres à veiller à ce que les systèmes d’alerte précoce en matière d’insécurité alimentaire intègrent pleinement les indicateurs d’accès humanitaire afin de permettre une analyse appropriée de tous les facteurs ayant un impact sur la faim;
  • L’Union africaine, l’UE et les États membres à élaborer et à mettre en œuvre des mécanismes spécifiques pour veiller à ce que toutes les populations affectées, y compris les réfugiés, personnes déplacées, apatrides et autres catégories de personnes déplacées ainsi que les communautés hôtes, soient efficacement consultées et impliquées dans la fourniture de l’aide et dans la réalisation de projets de développement;
  • L’Union africaine, l’UE et les États membres à garantir un financement adéquat pour renforcer la résilience et éviter la famine. Tous les acteurs devraient intensifier de manière significative la réponse aux besoins des populations : du soutien aux services de base urgents jusqu’au relèvement rapide et aux programmes de développement à plus long terme dans le but d’éradiquer la pauvreté et de ne laisser personne de côté.
  • L’Union européenne et ses États membres à respecter le principe d’appropriation des pays en développement, à veiller à ce que le développement et l’aide humanitaire répondent aux besoins des communautés et visent à atteindre les objectifs de ne laisser personne de côté et d’éradiquer la pauvreté.

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